Vitamine D et SOPK : carences, bénéfices métaboliques et hormonaux chez les femmes

published on 21 August 2025

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est le trouble endocrinien le plus fréquent chez la femme en âge de procréer, touchant environ 1 femme sur 7 en France. Caractérisé par des cycles irréguliers, une hyperandrogénie (acné, hirsutisme, chute de cheveux) et parfois une infertilité, il s’accompagne souvent d’une insulinorésistance et d’un risque accru de diabète de type 2, d’hypertension et de stéatose hépatique.

Depuis quelques années, de nombreuses études françaises soulignent un rôle déterminant de la vitamine D dans la régulation métabolique et hormonale du SOPK. Pourtant, ce lien reste peu connu des patientes, et encore sous-estimé dans la pratique clinique.

Vitamine D : une carence fréquente chez les femmes atteintes de SOPK

La vitamine D est produite par la peau sous l’effet des rayons UVB. Elle joue un rôle bien au-delà de la santé osseuse, notamment dans le fonctionnement hormonal et la régulation de la glycémie.

Chez les femmes atteintes de SOPK, les taux de vitamine D sont particulièrement bas :

  • 67 à 85 % des patientes présentent une carence.
  • Ce déficit est plus marqué chez les femmes en surpoids ou obèses, fréquentes dans le SOPK.
  • La carence est définie par un taux sérique de 25-hydroxy-vitamine D inférieur à 20 ng/mL.

Ce déficit chronique pourrait jouer un rôle dans l’aggravation de l’insulinorésistance et de l’hyperandrogénie, deux mécanismes centraux du SOPK.

Vitamine D et insulinorésistance : un rôle clé dans le métabolisme

L’insulinorésistance est l’un des mécanismes physiopathologiques majeurs du SOPK. Elle entraîne une hyperinsulinémie qui stimule la production ovarienne d’androgènes, aggravant ainsi l’anovulation et les symptômes.

La vitamine D influence directement le métabolisme glucidique par :

  • Une action sur les récepteurs de l’insuline au niveau des cellules musculaires et hépatiques, améliorant leur sensibilité.
  • Un rôle anti-inflammatoire limitant le stress oxydatif et l’inflammation chronique, fréquents dans le SOPK.

Une étude française a montré que la supplémentation en vitamine D chez des femmes SOPK carencées améliorait l’insulinorésistance et diminuait certains marqueurs hépatiques comme les transaminases.

Ces résultats confirment que la correction d’une carence peut réduire le risque de diabète de type 2 et de stéatose hépatique.

Impact hormonal : cycles, ovulation et fertilité

La vitamine D n’agit pas seulement sur le métabolisme, mais aussi sur l’axe reproductif.

Une présentation française lors du congrès ECE 2019 a rapporté que l’administration de vitamine D, associée à un régime équilibré et à la metformine, a permis :

  • une amélioration de l’HOMA-IR (mesure de l’insulinorésistance) de 19 à 34 % selon les dosages,
  • une augmentation du nombre d’ovulations,
  • une meilleure régularité des cycles menstruels.

Ce lien s’explique par l’existence de récepteurs à la vitamine D dans l’ovaire et l’endomètre, suggérant un rôle direct dans la maturation folliculaire et la fonction ovulatoire.

Effets sur l’hyperandrogénie : acné, hirsutisme et chute de cheveux

L’hyperandrogénie est l’un des symptômes les plus invalidants du SOPK. Certaines études françaises suggèrent que la vitamine D pourrait réduire la production d’androgènes, en améliorant la sensibilité à l’insuline et en diminuant la sécrétion d’ACTH surrénalienne.

Cela se traduirait par une amélioration possible :

  • de l’acné hormonale,
  • de l’hirsutisme (pilosité excessive),
  • et de la chute de cheveux androgénétique.

Ces effets sont encore à confirmer par de larges essais cliniques, mais ouvrent la voie à une prise en charge complémentaire des symptômes esthétiques, qui impactent fortement la qualité de vie.

La supplémentation en vitamine D en pratique 

Dosage et suivi médical

En France, la supplémentation est recommandée en cas de carence documentée. Les schémas les plus courants sont :

  • 1 000 à 2 000 UI/jour sous forme de vitamine D3,
  • ou des prises espacées (ampoules mensuelles ou trimestrielles).

Un dosage sanguin initial est recommandé, avec un contrôle après 3 à 6 mois. L’objectif est d’atteindre un taux sérique de 30 à 50 ng/mL, jugé optimal pour les effets métaboliques et reproductifs.

Compléments disponibles

Certains compléments destinés spécifiquement aux femmes SOPK contiennent de la vitamine D3, souvent associée à de l’inositol, du magnésium ou des oméga-3.

Précautions

  • Un excès de vitamine D (hypervitaminose D) peut provoquer une hypercalcémie, avec des risques rénaux et cardiovasculaires.
  • L’automédication à fortes doses est déconseillée.

Exposition solaire et alimentation : des alliés naturels

En dehors de la supplémentation, la vitamine D peut être apportée par :

  • L’exposition solaire : 15 à 20 minutes par jour, bras et jambes découverts, hors heures de fort ensoleillement.
  • L’alimentation : poissons gras (saumon, sardine, maquereau), foie de morue, jaune d’œuf, produits laitiers enrichis.

Cependant, ces apports sont souvent insuffisants pour corriger une carence, surtout en hiver ou chez les femmes à peau mate ou foncée.

Perspectives de recherche en France

La recherche française explore encore le rôle de la vitamine D dans le SOPK :

  • Études sur la fertilité : dans le but d'améliorer les résultats de stimulation ovarienne ou de FIV grâce à une correction de la carence.
  • Impact psychologique : certaines publications explorent un effet protecteur contre la dépression et l’anxiété, fréquentes dans le SOPK.

Ces axes ouvrent la voie à une prise en charge plus globale du syndrome.

Conclusion

La vitamine D apparaît aujourd’hui comme un levier essentiel dans la prise en charge du SOPK, en agissant sur :

  • l’insulinorésistance et le métabolisme,
  • la fonction ovarienne et l’ovulation,
  • l’équilibre hormonal et les symptômes liés à l’hyperandrogénie.

En France, les données disponibles confirment une carence quasi systématique chez les patientes SOPK, justifiant une évaluation systématique et une correction adaptée, sous suivi médical.

La supplémentation en vitamine D, combinée à une hygiène de vie équilibrée (alimentation, activité physique, gestion du poids), représente une stratégie efficace et accessible pour améliorer la qualité de vie et la santé reproductive des femmes atteintes de SOPK.

Sources : 

1) https://www.revuegenesis.fr/
2) https://sova-care.com/
3) https://imaneharmonie.com/
4) https://nature-sciences-sante.eu/
5) https://laboratoire-ccd.fr/

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