En France, l’endométriose concerne environ une femme sur dix en âge de procréer. Cette maladie systémique chronique et inflammatoire est due à la présence de tissu aux caractéristiques semblables à l’endomètre en dehors de la cavité utérine. Elle provoque entres autres douleurs, infertilité et fatigue, tout en affectant profondément la qualité de vie des patientes.
Malgré sa fréquence, elle reste encore trop longtemps sous-diagnostiquée : plusieurs années peuvent s’écouler entre l’apparition des premiers symptômes et la confirmation médicale. Face à ce constat, la recherche connaît depuis quelques années un essor considérable, avec l’objectif de mieux comprendre la maladie et d’offrir de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Avec Gynger, on a donc répertorié rien que pour vous les avancées les plus notables :
Nouvelles molécules et thérapies ciblées
Le PBRM : Une molécule canadienne en essai clinique, inhibitrice sélective d’une enzyme essentielle à la production d’oestradiol. Chez l’animal, administration de PBRM a entraîné dans ~ 60 % des cas une réduction rapide du nombre de lésions et d’adhérences, avec une bonne tolérance. Cet essai est maintenant en phase clinique chez des femmes atteintes d’endométriose.
Le Dichloroacétate (DCA) : Utilisé déjà dans d’autres contextes, ce médicament est testé au Royaume-Uni pour réguler le métabolisme mitochondrial et réduire l’excès de lactates produits dans les tissus endométriaux. L’étude “EPIC2” examine son effet pendant 12 semaines sur les douleurs et sur l’extension de la maladie.
Les Cannabinoïdes intravaginaux : En Italie (Hôpital Universitaire Careggi à Florence), une étude est en cours sur des dérivés du cannabis administrés localement (voie intravaginale), pour soulager les douleurs (pelviennes, dysménorrhée, dyspareunie). C’est une voie prometteuse, mais qui demande encore confirmation par des essais plus larges randomisés.
Les antagonistes de la GnRH et les trithérapies orales poursuivent également leur développement pour élargir l’offre non chirurgicale et mieux cibler les mécanismes hormonaux de la maladie.
Ces travaux témoignent d’une volonté forte de proposer enfin des traitements non hormonaux, plus ciblés et potentiellement mieux tolérés que les approches actuelles.
Diagnostic et technologies
L’intelligence artificielle, appliquée à l’imagerie médicale, ouvre de nouvelles perspectives. En France, des startups comme Matricis.ai conçoivent des logiciels capables d’analyser automatiquement les IRM pour détecter plus rapidement les lésions, ce qui devrait réduire l’errance diagnostique.
L’imagerie elle-même progresse : les IRM pelviennes permettent aujourd’hui de repérer la majorité des lésions profondes dès le premier examen, une nette amélioration par rapport à quelques années en arrière. Plus grande fiabilité pour détecter les lésions profondes dès la première IRM. Aujourd'hui, 72 % des lésions profondes sont détectées à la première IRM, contre 46 % en 2015.
Les chercheurs développent aussi des outils hybrides combinant reconnaissance morphologique et IA, capables d’identifier avec plus de précision les structures nerveuses impliquées, un élément essentiel pour mieux comprendre l’origine des douleurs chroniques.
Douleur, qualité de vie et facteurs non hormonaux
La recherche s’oriente vers une meilleure prise en charge de la douleur et de la qualité de vie, dimensions trop longtemps négligées. La Fondation pour la Recherche sur l’Endométriose a lancé un appel à projets spécifiquement consacré à ces enjeux, intégrant aussi bien les sciences biomédicales que les sciences humaines et sociales.
Le microbiote : de nouvelles pistes explorent le rôle du microbiote vaginal, intestinal et endométrial, dont les déséquilibres pourraient influencer la progression de la maladie.
Ces recherches ouvrent la voie à de futures stratégies de prévention ou de traitement complémentaire, et illustrent une approche globale intégrant la biologie, le vécu des patientes et leur environnement.
Chirurgie et techniques moins invasives
La chirurgie reste parfois indispensable, notamment dans les formes sévères d’endométriose profonde. Les équipes hospitalières françaises travaillent à rendre ces interventions plus sûres et moins invasives, en s’appuyant sur la robotique ou sur de nouvelles techniques de préservation tissulaire.
L’objectif est de limiter les récidives et de réduire l’impact des opérations sur la fertilité et la qualité de vie.
En parallèle, une réflexion est engagée sur la nécessité d’évaluer précisément les bénéfices et les risques de chaque intervention,afin de préserver la fonction, la fertilité, et limiter l’impact post-opératoire.
Vers un diagnostic plus rapide et moins invasif
L’introduction du test salivaire Endotest® marque une évolution majeure. Ce test, développé par la société Ziwig et soutenu par la HAS, analyse les microARN salivaires via intelligence artificielle pour détecter l’endométriose avec une sensibilité et une spécificité remarquables. Il vise à réduire le délai moyen de diagnostic (estimé à 7 ans), notamment pour les patientes dont l’imagerie conventionnelle reste négative malgré des symptômes très évocateurs. L’étude active en vie réelle, engagée dans 80 centres en France, pourrait déboucher sur une généralisation de ce mode de diagnostic, remboursé depuis février 2025 dans le cadre du forfait innovation.
Conclusion
Les années à venir pourraient marquer un tournant. Si les essais cliniques en cours confirment leur promesse, les patientes disposeront bientôt de traitements non hormonaux capables d’agir directement sur les mécanismes de la maladie.
Le diagnostic devrait devenir plus rapide et plus fiable grâce aux progrès de l’IRM et de l’IA.
Les approches centrées sur la douleur, la qualité de vie et l’expérience vécue par les patientes sont désormais au cœur des priorités de la recherche.
L’étude des microbiotes et des comorbidités pourrait également révéler des clés inédites pour mieux comprendre et traiter cette affection complexe.
L’endométriose demeure une maladie difficile à vivre et encore mal comprise, mais la dynamique scientifique actuelle suscite un réel espoir. Les patientes, longtemps ignorées, voient enfin la recherche s’organiser autour de leurs besoins, avec la perspective de diagnostics plus rapides, de traitements innovants et d’une meilleure prise en compte de leur qualité de vie.
Sources :
1) https://www.fondation-endometriose.org/
2) https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/
3) https://www.fondation-endometriose.org/
4) https://www.tf1.fr/arte/