Pilule contraceptive et cancer : que dit vraiment l’OMS ?

published on 03 July 2025

La pilule contraceptive, utilisée par des millions de femmes dans le monde, est au cœur d’une nouvelle vague de polémique. Récemment, des publications virales sur les réseaux sociaux affirment que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la pilule parmi les substances cancérogènes les plus dangereuses, aux côtés de l’amiante, du tabac et de l’alcool. Cette déclaration a suscité l’inquiétude de nombreuses patientes. Mais qu’en est-il vraiment ?

1. Ce que dit l’OMS : une classification ancienne et scientifique

Contrairement à ce que laissent entendre certaines publications récentes, le classement de la pilule contraceptive comme "cancérogène pour l’homme" (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’OMS, date de 2005. Il ne s’agit donc pas d’une annonce nouvelle ou d’une alerte sanitaire actuelle.

Cette classification signifie que des preuves scientifiques solides ont établi un lien entre l’utilisation de certaines pilules et un risque accru de développer certains cancers. Elle ne dit rien sur l’importance de ce risque, ni sur la balance bénéfice/risque du médicament.

2. Quels types de pilules sont concernés ?

La classification concerne principalement les pilules combinées oestroprogestatives (les plus couramment utilisées), qui contiennent à la fois un œstrogène et un progestatif.

Les pilules microprogestatives (ou minipilules), qui ne contiennent que du progestatif, ne sont pas classées dans le groupe 1 mais dans le groupe 2B, soit "peut-être cancérogène pour l’homme", ce qui signifie que les preuves sont moins solides et parfois discutées.

3. Quels sont les cancers dont le risque est augmenté ?

Selon les données scientifiques :

  • Le risque de cancer du sein est légèrement augmenté chez les femmes utilisant actuellement la pilule oestroprogestative. Ce risque revient à la normale environ 10 ans après l’arrêt de la pilule.
  • Le cancer du col de l’utérus (lié principalement au virus HPV) présente aussi un risque accru en cas d’utilisation prolongée de la pilule.
  • Le cancer du foie, plus rare en Occident, peut également être concerné, mais les données sont encore peu nombreuses.

4. Quels sont les effets protecteurs de la pilule ?

C’est un aspect méconnu mais fondamental : la pilule présente aussi des effets protecteurs très significatifs contre certains cancers :

  • Le cancer de l’ovaire : réduction du risque de 30 à 50 %, avec un effet protecteur qui persiste jusqu’à 20 ans après l’arrêt.
  • Le cancer de l’endomètre : même constat, avec une protection long terme.

Ainsi, pour certaines patientes, la pilule diminue globalement le risque de cancer.

5. Le classement du CIRC : que signifie-t-il vraiment ?

Il est essentiel de bien comprendre que la classification du CIRC repose uniquement sur la force du lien scientifique entre une substance et le cancer, pas sur le niveau de risque ou la dangerosité absolue.

Par exemple :

  • Le tabac, l’amiante et l’alcool sont également classés en groupe 1, mais leurs niveaux de risque sont beaucoup plus élevés que celui de la pilule.
  • Dire que la pilule est classée "comme" l’amiante ou l’alcool ne signifie pas qu’elle est aussi dangereuse, mais seulement que le lien avec certains cancers est établi avec certitude.

6. Ce que disent les professionnels de santé

Les sociétés savantes et les collèges de gynécologie insistent sur le fait que la pilule contraceptive reste un médicament sûr, efficace et globalement bénéfique.

Le choix d’une contraception doit toujours être personnalisé en fonction :

  • De l’âge de la patiente,
  • De ses antécédents familiaux et personnels de cancer,
  • De ses facteurs de risque cardiovasculaire,
  • Et de ses préférences.

Le dialogue avec le médecin ou la sage-femme est essentiel pour adapter la méthode contraceptive aux besoins de chacune.

7. Pourquoi la panique sur les réseaux sociaux est injustifiée

Les réseaux sociaux amplifient parfois des informations déconnectées de leur contexte. Le fait que la classification du CIRC date de 2005 est souvent oublié, donnant l’impression d’une nouvelle alerte sanitaire.

Certains messages viraux affirment que l’OMS vient de déclarer la pilule "toxique", ce qui est factuellement faux.

8. Quelles alternatives pour les femmes inquiètes ?

Pour celles qui présentent un risque plus élevé (hérédité de cancer du sein, antécédents personnels, etc.), ou qui souhaitent éviter les hormones, il existe des alternatives sûres et efficaces :

  • Le dispositif intra-utérin au cuivre (stérilet sans hormone),
  • Les préservatifs,
  • Le DIU hormonal (progestatif local, avec effet systémique réduit),
  • La ligature des trompes ou la stérilisation masculine pour les couples en fin de projet parental.

Un accompagnement individualisé permet de choisir la méthode la plus adaptée.

La pilule contraceptive, comme tout médicament, n’est pas sans risque. Oui, elle est classée comme cancérogène par le CIRC, mais cette classification date de 2005 et ne signifie pas qu’elle soit aussi dangereuse que le tabac ou l’amiante. Le risque de cancer du sein est léger et temporaire, alors que les bénéfices contraceptifs et protecteurs contre d’autres cancers sont bien démontrés.

Face aux informations anxiogènes, restons lucides : la pilule reste un outil sûr et utile pour des millions de femmes, à condition d’être bien prescrite, bien tolérée et bien surveillée.

Si vous avez des doutes ou des questions, parlez-en avec votre médecin ou aux soignants de l’application Gynger.

Sources :
1. https://www.vidal.fr/
2. https://fr.euronews.com/
3. https://www.franceinfo.fr/
4. https://www.santemagazine.fr/

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