Hyperprolactinémie : causes, symptômes, fertilité et traitements naturels ou médicaux

published on 20 June 2025

L’hyperprolactinémie, définie par un taux anormalement élevé de prolactine dans le sang, est une pathologie hormonale fréquente, mais souvent mal comprise. Ses conséquences peuvent être multiples, affectant notamment le cycle menstruel, la fertilité et la libido, tant chez la femme que chez l’homme. Pourtant, elle peut être efficacement diagnostiquée et traitée dans la majorité des cas. Cet article fait le point complet sur cette affection, ses causes, ses signes cliniques, ses implications sur la fertilité et les options thérapeutiques disponibles.

Qu’est-ce que la prolactine et quel est son rôle physiologique ?

La prolactine est une hormone sécrétée principalement par l’hypophyse antérieure (adénohypophyse). Son rôle principal est la stimulation de la lactation après l’accouchement. En période normale (hors grossesse et allaitement), son taux sanguin est bas, oscillant autour de 15-25 ng/mL chez la femme et légèrement moins chez l’homme.

Outre son rôle dans la lactation, la prolactine intervient dans la régulation du cycle ovarien, la production de progestérone, la modulation immunitaire, ainsi que dans certaines fonctions métaboliques et comportementales. Un excès de cette hormone peut donc provoquer des perturbations hormonales significatives.

Hyperprolactinémie : définition et classification

L’hyperprolactinémie est définie par un taux de prolactine supérieur à 25 ng/mL chez la femme et à 20 ng/mL chez l’homme. En fonction des valeurs mesurées, on distingue :

  • Hyperprolactinémie modérée : 30–100 ng/mL
  • Hyperprolactinémie élevée : > 100 ng/mL
  • Hyperprolactinémie très élevée (>200 ng/mL) : souvent associée à un adénome hypophysaire

Il est important de différencier une hyperprolactinémie transitoire (due à un stress, à une prise de sang mal réalisée) d’une forme pathologique.

Les symptômes de l’hyperprolactinémie

Les signes cliniques varient selon le sexe et l’intensité du déséquilibre hormonal. Les manifestations les plus fréquentes sont :

Chez la femme :

  • Aménorrhée ou irrégularités menstruelles
  • Galactorrhée (sécrétion lactée en dehors de la grossesse ou de l’allaitement)
  • Infertilité
  • Baisse de libido
  • Sécheresse vaginale, dyspareunie

Chez l’homme :

  • Diminution de la libido
  • Dysfonction érectile
  • Infertilité par baisse de la spermatogenèse
  • Gynécomastie (rare)
  • Galactorrhée (exceptionnelle)

Dans les cas de prolactinome de grande taille (macro-adénome > 10 mm), peuvent apparaître des signes neurologiques : céphalées, troubles visuels (par compression du chiasma optique), voire hypopituitarisme par compression de l’hypophyse normale.

Quelles sont les causes de l’hyperprolactinémie ?

L’excès de prolactine peut résulter de nombreuses causes qu’il convient de distinguer pour une prise en charge adaptée.

1. Causes physiologiques

  • Grossesse
  • Allaitement
  • Stress
  • Exercice physique intense
  • Stimulation des mamelons

2. Médicamenteuses

Certains médicaments sont connus pour augmenter la sécrétion de prolactine :

  • Neuroleptiques (halopéridol, rispéridone)
  • Antidépresseurs (IRS, tricycliques)
  • Antiémétiques (métoclopramide, dompéridone)
  • Œstroprogestatifs
  • Antihypertenseurs (vérapamil, méthyldopa)

3. Pathologiques

  • Prolactinomes (adénomes à prolactine) : micro <10 mm, macro >10 mm
  • Hypothyroïdie primaire : l’élévation de la TRH stimule la sécrétion de prolactine
  • Insuffisance rénale chronique : défaut de clairance
  • Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : hyperprolactinémie modérée
  • Lésions hypothalamo-hypophysaires : craniopharyngiome, méningiome…

4. Causes idiopathiques

Dans certains cas, aucune cause n’est identifiée : il s’agit alors d’une hyperprolactinémie dite idiopathique, souvent bénigne.

Diagnostic : comment confirmer une hyperprolactinémie ?

Le dosage de la prolactine doit être effectué en dehors d’un stress aigu, à jeun, le matin. En cas d’élévation confirmée :

  • Un deuxième dosage est nécessaire pour éliminer une erreur ou une élévation transitoire.
  • Il est recommandé de rechercher une macroprolactinémie (forme inactive de prolactine, sans répercussions cliniques) par précipitation au PEG.
  • Un bilan thyroïdien (TSH, T4L) est indispensable.
  • Un IRM hypophysaire est indiqué en cas de prolactinémie > 100 ng/mL ou de signes neurologiques évocateurs.

Hyperprolactinémie et fertilité

Chez la femme, une prolactine élevée perturbe la sécrétion pulsatile de GnRH, réduisant les taux de FSH et LH, indispensables à l’ovulation. Résultat : anovulation, cycles irréguliers, voire aménorrhée.

Chez l’homme, l’hyperprolactinémie agit directement sur l’axe hypothalamo-hypophysaire-gonadique, entraînant une baisse de la testostérone et une altération de la spermatogenèse.

L’hyperprolactinémie est donc une cause réversible d’infertilité, d’où l’importance d’un dépistage systématique chez les couples en désir d’enfant.

Traitements de l’hyperprolactinémie

Le traitement dépend de la cause identifiée, du niveau de prolactine, de la présence de symptômes, et du projet parental.

1. En cas de cause médicamenteuse

L’arrêt ou la substitution du traitement incriminé permet souvent une normalisation du taux de prolactine.

2. En cas de prolactinome

Le traitement de référence repose sur les agonistes dopaminergiques :

  • Bromocriptine (Parlodel)
  • Cabergoline (Dostinex) : mieux tolérée, prise hebdomadaire

Ces médicaments agissent en inhibant la sécrétion de prolactine et en réduisant la taille de la tumeur. Ils permettent la reprise des cycles et rétablissent la fertilité dans la majorité des cas.

Une chirurgie hypophysaire (par voie transsphénoïdale) peut être envisagée en cas de résistance au traitement médical, d’intolérance sévère ou de compression optique non régressive.

3. En cas d’hypothyroïdie

Un traitement substitutif par lévothyroxine suffit généralement à normaliser la prolactine.


Suivi et pronostic

Un suivi régulier (dosage de la prolactine, IRM selon le contexte, bilan hormonal complet) est indispensable pour surveiller l’évolution sous traitement.

La majorité des hyperprolactinémies sont bénignes et réversibles avec un traitement bien conduit. Le pronostic est excellent, avec restauration des fonctions sexuelles et reproductives.

L’hyperprolactinémie est une pathologie souvent sous-diagnostiquée, mais aux répercussions significatives sur la fertilité et la qualité de vie. Un dépistage précoce, un diagnostic rigoureux et une prise en charge adaptée permettent dans la majorité des cas une guérison complète, et la reprise d’un fonctionnement hormonal normal. Dans tout contexte d’infertilité, de troubles des cycles ou de galactorrhée, la mesure de la prolactine doit être systématique.


Sources :
1. https://cngof.fr/
2. https://www.vidal.fr/
3. https://www.chu-lyon.fr/
4. https://www.institutobernabeu.com/fr/

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